Les dames à la licorne, Barjavel, Olenka de Veer
Foulques le roux
Ce jour-là un vent d'orage le suivait, arrachait les feuilles jaunies et rouillées et les jetait derrière lui en traîne déchirée. Quand il traversa la clairière, brusquement, le soleil perça les nuages, et le cheval et le vent s'arrêtèrent. Foulques leva son visage vers le ciel comme pour y trouver un espoir ou une réponse. Le soleil fit flamber ses cheveux, et les feuilles devenues oiseaux d'or et de flamme tournèrent doucement autour de lui. Les arbres tendaient vers le soleil leurs branches dépouillées où s'accrochaient encore des lambeaux de splendeur. Toute la clairière était comme un grand feu de joie et de regret, dont le soleil avait allumé la beauté, et qui la lui offrait.
Au centre de toutes les flammes, le Roux sur son cheval roux, immobile dans sa blouse de cuir, gardait son visage tourné vers le ciel. Et dans ses yeux brillaient des larmes.
P 10, Pocket n°1264
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